Rencontre avec...
Olivier Snanoudj, Président du SFAC

Marc Gentel (RKO), Henry Klarsfeld (Paramount), Robert Lacoste (MGM),Jean Mourier (Fox), Robert Schwartz (Columbia), Robert Goimbaud (Warner),…
Si ces noms de dirigeants de majors américaines ne disent plus grand-chose aux nouvelles générations, il s’agit pourtant là de quelques une des personnalités qui ont présidé par le passé le prestigieux SFAC, le Syndicat Franco-américain de la Cinématographie.

Ce groupement des principales sociétés US de distribution implantées sur notre territoire a été créé avant la guerre de 39, dans le prolongement du travail de la MPPDA (Motion Picture Producers and Distributors of America) qui tentait de promouvoir le cinéma américain dans une France plutôt protectionniste à l’époque.

Olivier Snanoudj
Olivier Snanoudj, Président du SFAC

Mais c’est principalement après la guerre, pendant laquelle le gouvernement de Vichy avait interdit l’importation de films en provenance d’Hollywood, que ce syndicat oeuvra avec les exploitants de l’Hexagone pour éviter les drastiques quotas d’importations voulus par les instances et par certains professionnels.

Au début des années 70, au moment de la création d’UIP (United International Pictures) né de la fusion de plusieurs majors, c’est son directeur général, Daniel Goldman qui prend avec énergie la tête du SFAC et ce pour plusieurs décennies. En 2014, Daniel Goldman a cédé la place de Président de l’organisation à Olivier Snanoudj, tout en conservant le poste de Président d’Honneur.

Ses compétences et son professionnalisme ont été largement salués par l’ensemble des membres du syndicat et ses conseils pourront s’avérer forts utiles dans les futurs dossiers qu’Olivier Snanoudj (Vice Président Distribution de Warner Bros.) et son nouveau bureau auront à gérer. 


Coté cinéma : Pourquoi un nouveau bureau au sein du SFAC ?

Olivier Snanoudj : Ce syndicat est historique à plus d’un titre et il toujours joué un rôle important dans les mutations de notre métier. Les récentes évolutions qui ont transformé notre industrie méritaient qu’on fortifie encore le rôle d’élément moteur du SFAC au sein de la Fédération Nationale des Distributeurs et particulièrement dans le dialogue avec les exploitants. Lors de la dernière AG annuelle, le bureau a été renouvelé et ses membres ont décidé de mettre à sa tête un dirigeant en activité. Mais je n’aurais pas accepté de tenir ce rôle si je n’avais pas eu la « bénédiction » de mon prédécesseur et ami, Daniel, qui a occupé avec brio cette fonction depuis plus de 40 ans… J’ai par ailleurs déjà prévenu mes collègues - Eric Brune, José Covo, Stéphane Huard et Frédéric Moget - que je remercie chaleureusement de leur confiance, que j’occuperai cette fonction moins longtemps que lui !

Coté Cinéma : Qui fait partie de ce syndicat et pourquoi ?

Olivier Snanoudj : La plupart des responsables des filiales françaises des majors américaines. C’est un groupe qui, depuis de nombreuses années, fonctionne bien. Nous sommes avant tout des distributeurs et, en défendant notre métier à travers ce syndicat, nous représentons également nos entreprises. Le travail de la distribution est quelque peu malmené actuellement et pas toujours bien considéré ni par les pouvoirs publics, ni par les producteurs pour qui nous apparaissons parfois comme de simples prestataires. Et vis-à-vis des exploitants avec qui nous sommes historiquement les plus proches, nous ne voulons pas avoir un rôle uniquement de fournisseurs, mais bien de partenaires. Nous pensons que le secteur dans son ensemble ne peut que bénéficier du dialogue et, lorsque c’est nécessaire, de la règlementation, sous l’égide du CNC. Et nous pensons que le SFAC peut, et doit, y jouer un rôle important.

Coté Cinéma : Et pourquoi uniquement des sociétés américaines ?

Olivier Snanoudj : Le but n’est nullement de se substituer à la FNDF ni à aucune autre instance qui font déjà un travail remarquable en rassemblant tous les professionnels et en ouvrant le dialogue. La particularité de notre syndicat est qu’il est composé de sociétés qui existent, pour la plupart depuis près de 100 ans et que cette longévité nous donne une vision à long terme des débats et des sujets généraux de la profession. Que ce soit vis à vis du CNC, de la FNDF où nous siégeons, de la Fédération des exploitants, des instances ou des autres organisations professionnelles, notre expérience individuelle et collective doit être utile aux tours de table qui ont lieu lors de réunions telles que les récentes Assises pour la diversité du cinéma, les comités de concertation et autres commissions où l’on débat des sujets qui nous concernent.

Coté Cinéma : Justement, quels sont les principaux dossiers sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Olivier Snanoudj : Parmi nos sujets de préoccupation, il y a bien évidemment en premier lieu, la piraterie. Nous soutenons bien entendu totalement l’ALPA dont l’action efficace et tenace est primordiale. Néanmoins, nous souhaiterions une action plus ferme des pouvoirs publics dans ce domaine vital pour le cinéma. Nous suivons bien évidemment les réunions et les discussions mises en place par le CNC. Nous traitons également un certain nombre de sujets techniques liés à l’évolution du secteur : livraison des DCP, des clefs de sécurité, etc : d’une manière générale, nous avons une réflexion permanente sur la modernisation du secteur. Autre exemple de réflexion : le niveau sonore des films-annonces au sein des premières parties de programme, un sujet sur lequel nous travaillons actuellement avec la CST. Si nous n’avons bien sûr pas le droit de discuter des politiques tarifaires ou sur des opérations commerciales mises en place dans les salles, nous participons néanmoins, dans le cadre légal, aux réunions mises en place par le CNC. Bien entendu, les exploitants restent nos premiers interlocuteurs et une des autres missions du SFAC est de maintenir et de développer nos relations avec eux. En ce qui me concerne, ès qualité, j’ai l’intention d’être encore plus présent dans les réunions professionnelles afin de renforcer le rôle de notre syndicat et ainsi appuyer l’action de la Fédération.